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Quelques mots sur un roman de Salman Rushdie, Shalimar le clown, que j'avais lu à sa sortie et que l'actualité me rappelle brusquement. Je lis Rushdie avec intérêt depuis longtemps, ayant consacré mon premier travail de chercheur en culottes courtes (un mémoire de maîtrise, on ne disait pas master à l’époque) à deux de ses romans. Avant cela, l’affaire des Versets Sataniques avait évidemment contribué, avec la chute du Mur et la lutte contre l’apartheid, à l’édification politique de ma génération. Shalimar date de 2005 ; Nicolas Sarkozy n’était pas encore président de ce côté-ci de l’Atlantique ; George W. Bush l’était encore de l’autre : It was the best of times, it was the worst of times. Le roman commence par l’assassinat d’un ancien ambassadeur des Etats-Unis ; le meurtrier est Shalimar, la suite du roman nous raconte en un long flash-back son parcours, l’enfance au Cachemire, les aléas de la vie, les déceptions amoureuses, le basculement dans le terrorisme, les camps d’entraînement en Afghanistan et au Pakistan… Voyez-vous où je veux en venir ? L’avocat de Merah nous assure que son client avait « le visage d’un ange ». Le narrateur décrit Shalimar comme « le plus beau garçon du monde ». Bien des choses séparent évidemment les deux personnages ; une fois encore, cependant, il apparaît qu’un roman nous éclaire mieux sur le monde que tel reportage racoleur ou duel de polémistes sur une chaîne du câble. Et la prose de Rushdie, magnifique, vaut à elle seule la lecture.
Quelques mots sur un roman de Salman Rushdie, Shalimar le clown, que j'avais lu à sa sortie et que l'actualité me rappelle brusquement. Je lis Rushdie avec intérêt depuis longtemps, ayant consacré mon premier travail de chercheur en culottes courtes (un mémoire de maîtrise, on ne disait pas master à l’époque) à deux de ses romans. Avant cela, l’affaire des Versets Sataniques avait évidemment contribué, avec la chute du Mur et la lutte contre l’apartheid, à l’édification politique de ma génération. Shalimar date de 2005 ; Nicolas Sarkozy n’était pas encore président de ce côté-ci de l’Atlantique ; George W. Bush l’était encore de l’autre : It was the best of times, it was the worst of times. Le roman commence par l’assassinat d’un ancien ambassadeur des Etats-Unis ; le meurtrier est Shalimar, la suite du roman nous raconte en un long flash-back son parcours, l’enfance au Cachemire, les aléas de la vie, les déceptions amoureuses, le basculement dans le terrorisme, les camps d’entraînement en Afghanistan et au Pakistan… Voyez-vous où je veux en venir ? L’avocat de Merah nous assure que son client avait « le visage d’un ange ». Le narrateur décrit Shalimar comme « le plus beau garçon du monde ». Bien des choses séparent évidemment les deux personnages ; une fois encore, cependant, il apparaît qu’un roman nous éclaire mieux sur le monde que tel reportage racoleur ou duel de polémistes sur une chaîne du câble. Et la prose de Rushdie, magnifique, vaut à elle seule la lecture.
Just a few words today-after Mohamed Merah, the Toulouse killings suspect, was shot by police-on Salman Rushdie’s Shalimar the Clown. I’ve been reading Rushdie since I was at University, and the fatwa following the publication of the Satanic Verses was a landmark, along with the Fall of the Berlin Wall and the struggle against apartheid, in the political education of my generation. Shalimar came out in 2005. Nicolas Sarkozy was not president yet; George W. Bush still was on the other side of the pond: It was the best of times, it was the worst of times. The novel starts with the assassination of a former US ambassador; the life of Shalimar, the murderer, is then told from his happy childhood in Kashmir to his unhappy love affair with the ambassador’s illegitimate daughter, and to his training as a Jihad fighter in Afghanistan and Pakistan-just like Merah. Merah’s lawyer said that his client had “the face of an archangel,” and the narrator in the novel that Shalimar was “the most beautiful boy in the world.” They differ on many points, but once again a novelist’s insight proves more enlightening than most TV debates or politicians’ reactions. And Rushdie’s magnificent prose is by itself sufficient reason to read the novel.
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