Edward Hopper, Summer in the city, 1949. |
Depuis que
l’exposition Edward Hopper a ouvert ses portes au Grand Palais au début du
mois, Hopper est partout dans les médias : il a fait la une de Libération, du Monde, de Télérama et de divers
magazines d’art, et l’on ne compte plus les suppléments qui lui sont consacrés.
Il s’est même invité dans les journaux télévisés de TFI et de M6, et dans
plusieurs documentaires sortis pour l’occasion, comme dimanche dernier sur Arte. Bien sûr, il y
a une part de publicité : quelques attachés de presse ou
« responsables médias » du Grand Palais ou de la Réunion des Musées
Nationaux font très bien leur travail. Mais il y a là autre chose, dont nous avons
tout lieu de nous réjouir, car le fait qu’un événement culturel se hisse au
premier rang de l’information dans les médias généralistes est à la fois
surprenant et réjouissant. C'est peut-être ce que l'on appelle l'exception culturelle française.
Lorsque que
vous verrez l’exposition, n’oubliez pas d’écouter les commentaires des autres
visiteurs devant chaque tableau. C’est Diderot qui recommande cet exercice fort
réjouissant. Voici un passage du Salon
de 1763 :
Je ne regarde pas toujours, j’écoute quelquefois. J’entendis un
spectateur d’un de ces tableaux qui disait à son voisin : « Le Claude
Lorrain me semble encore plus piquant ! » et celui-ci qui lui
répondait : « D’accord, mais il est moins vrai. » Cette réponse ne me parut pas
juste. Les deux artistes comparés sont également vrais ; mais le Lorrain a
choisi des moments plus rares et des phénomènes plus extraordinaires. (…)
C’est lorsque [les visiteurs] se rencontrent au sortir de là qu’ils
sont plaisants à entendre. L’un dit : « Avez-vous vu le Mariage de la
Vierge ? C’est un beau morceau !
– Non. Mais vous, que dites-vous du Portrait de la comtesse ? C’est
cela qui est délicieux.
– Moi ! Je ne sais seulement pas si votre comtesse s’est fait peindre.
Je m’amuserais autour d’un portrait, tandis que je n’ai ni trop d’yeux ni
trop de temps pour le Joseph de Deshays ou le Paralytique de Greuze !
– Ah ! oui ; c’est cet homme qui est à côté de l’escalier et à qui l’on
va donner l’extrême-onction ?
Cela promet de savoureuses tirades au Grand Palais, car s'il est un
peintre qui fait parler, c'est bien Hopper, dont les tableaux nous forcent à imaginer
tant d’histoires…
Hélas, je n'ai rien pu capter des impressions de mes contemporains devant Hopper. Fort peu bavards, hormis un jeune couple, dont j'eusse aimé saisir le point de vue animé mais trop discret et donc inaudible !
ReplyDeletePar ailleurs, la pratique de l'audioguide rend l'utilisateur cousin du zombie : il va sans broncher d'un air hébété là où la voix lui dit d'aller quitte à vous piétiner et entendre la bonne parole lui coupe tout bonnement le sifflet.
Solitude, silence et mélancolie : Hopper still alive !